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Pieds nus

by Paule-Andrée Cassidy

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1.
Ma maison 02:03
Je m'invente un pays où vivent des soleils Qui incendient les mers et consument les nuits Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis Ce pays est un rêve où rêvent mes saisons Et dans ce pays-là, j'ai bâti ma maison Ma maison est un bois, mais c'est presque un jardin Qui danse au crépuscule, autour d'un feu qui chante Où les fleurs se mirent dans un lac sans tain Et leurs images embaument aux brises frissonnantes Aussi folle que l'aube, aussi belle que l'ombre Dans cette maison-là, j'ai installé ma chambre Ma chambre est une église où je suis, à la fois Si je hante un instant, ce monument étrange Et le prêtre et le Dieu, et le doute, à la fois Et l'amour et la femme, et le démon et l'ange Au ciel de mon église, brûle un soleil de nuit Dans cette chambre-là, j'y ai couché mon lit Mon lit est une arène où se mène un combat Sans merci, sans repos, je repars, tu reviens Une arène où l'on meurt aussi souvent que ça Mais où l'on vit, pourtant, sans penser à demain Où mes grandes fatigues chantent quand je m'endors Je sais que, dans ce lit, j'ai ma vie, j'ai ma mort Je m'invente un pays où vivent des soleils Qui incendient les mers et consument les nuits Les grands soleils de feu, de bronze ou de vermeil Les grandes fleurs soleils, les grands soleils soucis Ce pays est un rêve où rêvent mes saisons Et dans ce pays-là, j'ai bâti ta maison
2.
Maintenant 04:17
Maintenant que tu connais mes rêves Maintenant que tu connais mes peurs Maintenant que tu me sais par coeur Je ne sais plus quel vent se lève Tu te demandes si parfois Je te vois comme tu me vois J’ai des jours entiers maladroits Tu dis jadis et autrefois Comme on dit après les voyages Il reste toujours à connaître De toi, de moi, d’elle, de lui Il est toujours temps de renaître Ouvre-moi tes fenêtres Un visage est toujours un pays Je t’ai racontée à des pierres Qui n’en ont pas perdu un mot Et qui gardent de ta lumière Dedans leurs âmes d’animaux Je t’ai racontée à des ormes Qui ne causent qu’avec le vent Ces visages de toi qui dorment Je me les éveille souvent Ta vie est ma maison prochaine Que ta liberté soit ma chaîne Je m’en vais vivre maintenant Je m’en vais vivre maintenant Maintenant que tu connais mes rêves Maintenant que tu connais mes peurs Maintenant que tu me sais par coeur Je ne sais plus quel vent se lève Tu te demandes si parfois Je me vois comme tu te vois Des jours entiers sont maladroits Je dis jadis et autrefois Comme on dit après les orages Il reste toujours à connaître De toi, de moi, d’elle, de lui Il est toujours temps de renaître Ouvre-moi tes fenêtres Ton visage est encore un pays Nous deviendrons pareils et mêmes Sous de grands arbres devenus Nos pareils. Un caillou que j’aime Aura gardé le temps perdu Nous nous tairons pleins de paroles Et ce silence apprivoisé Comme un oiseau, sur la corolle De la nuit viendra se poser La vie est ma saison nouvelle Tes mains auront semé des ailes Pour les oiseaux de maintenant Pour mes oiseaux de maintenant Maintenant que tu connais mes rêves Maintenant que tu connais mes peurs Maintenant que tu me sais par coeur Je ne sais plus quel vent se lève Tu me demandes si parfois Je te vois comme tu me vois J’ai des jours entiers maladroits Je dis jadis et autrefois Comme on dit après les voyages Il reste toujours à connaître De toi, de moi, d’elle, de lui Il est toujours temps de renaître Ouvre-moi tes fenêtres Ton visage est toujours un pays
3.
J’en ai tant vu qui s’en allèrent Ils ne demandaient que du feu Ils se contentaient de si peu Ils avaient si peu de colère J’entends leurs pas j’entends leurs voix Qui disent des choses banales Comme on en lit sur le journal Comme on en dit le soir chez soi Ce qu’on fait de vous hommes femmes O pierre tendre tôt usée Et vos apparences brisées Vous regarder m’arrache l’âme Les choses vont comme elles vont De temps en temps la terre tremble Le malheur au malheur ressemble Il est profond profond profond Vous voudriez au ciel bleu croire Je le connais ce sentiment J’y crois aussi moi par moments Comme l’alouette au miroir J’y crois parfois je vous l’avoue A n’en pas croire mes oreilles Ah je suis bien votre pareil Ah je suis bien pareil à vous A vous comme les grains de sable Comme le sang toujours versé Comme les doigts toujours blessés Ah je suis bien votre semblable J’aurais tant voulu vous aider Vous qui semblez autres moi-même Mais les mots qu’au vent noir je sème Qui sait si vous les entendez Tout se perd et rien ne vous touche Ni mes paroles ni mes mains Et vous passez votre chemin Sans savoir que ce que dit ma bouche Votre enfer est pourtant le mien Nous vivons sous le même règne Et lorsque vous saignez je saigne Et je meurs dans vos mêmes liens Quelle heure est-il quel temps fait-il J’aurais tant aimé cependant Gagner pour vous pour moi perdant Avoir été peut-être utile C’est un rêve modeste et fou Il aurait mieux valu le taire Vous me mettrez avec en terre Comme une étoile au fond d’un trou
4.
Fatigué 04:12
Jamais une statue ne sera assez grande Pour dépasser la cime du moindre peuplier Et les arbres ont le cœur infiniment plus tendre Que celui des hommes qui les ont plantés Pour toucher la sagesse qui ne viendra jamais Je changerais la sève du premier olivier Contre mon sang impur d'être civilisé Responsable anonyme de tout le sang versé Fatigué, fatigué Fatigué du mensonge et de la vérité Que je croyais si belle, que je voulais aimer Et qui est si cruelle que je m'y suis brûlé Fatigué, fatigué Fatigué d'habiter sur la planète Terre Sur ce brin de poussière, sur ce caillou minable Sur cette fausse étoile perdue dans l'univers Berceau de la bêtise et royaume du mal Où la plus évoluée parmi les créatures A inventé la haine, le racisme et la guerre Et le pouvoir maudit qui corrompt les plus purs Et amène le sage à cracher sur son frère Fatigué, fatigué Fatigué de parler, fatigué de me taire Quand on blesse un enfant, quand on viole sa mère Quand la moitié du monde en assassine un tiers Fatigué, fatigué Fatigué de ces hommes qui ont tué les indiens Massacré les baleines et bâillonné la vie Exterminé les loups, mis des colliers aux chiens Qui ont même réussi à pourrir la pluie La liste est bien trop longue de tout ce qui m'écœure Depuis l'horreur banale du moindre fait divers Il n'y a plus assez de place dans le cœur Pour loger la révolte, le dégoût, la colère Fatigué, fatigué Fatigué d'espérer et fatigué de croire À ces idées brandies comme des étendards Et pour lesquelles tant d'hommes ont connu l'abattoir Fatigué, fatigué Je voudrais être un arbre, boire à l'eau des orages Pour nourrir la terre, être ami des oiseaux Et puis avoir la tête si haut dans les nuages Pour qu'aucun homme ne puisse y planter un drapeau Je voudrais être un arbre et plonger mes racines Au cœur de cette terre que j'aime tellement Et que ce putain d'Homme chaque jour assassine Je voudrais le silence enfin et puis le vent Fatigué, fatigué Fatigué de haïr et fatigué d'aimer Surtout ne plus rien dire, ne plus jamais crier Fatigué des discours, des paroles sacrées Fatigué, fatigué Fatigué de sourire, fatigué de pleurer Fatigué de chercher quelques traces d'amour Dans l'océan de boue où sombre la pensée Fatigué, fatigué
5.
Même si un jour à Knokke-le-Zoute Je deviens comme je le redoute Chanteur pour femmes finissantes Même si je leur chante "Mi corazón" Avec la voix bandonéante D'un Argentin de Carcassonne Même si on m'appelle Antonio Que je brûle mes derniers feux En échange de quelques cadeaux Madame, oh madame, je fais ce que je peux Même si je me saoule à l'hydromel Pour mieux parler de virilité À des mémères décorées Comme des arbres de Noël Je sais que dans ma saoulographie Chaque nuit pour des éléphants roses J'rechanterai ma chanson morose Celle du temps où je m'appelais Jacky Être une heure, une heure seulement Être une heure, une heure quelquefois Être une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con à la fois Même si un jour à Macao J'deviens gouverneur de tripot Cerclé de femmes languissantes Même si lassé d'être chanteur J'y sois devenu maître chanteur Et que ce soit les autres qui chantent Même si on m'appelle le beau Serge Que je vende des bateaux d'opium Du whisky de Clermont-Ferrand De vrais pédés, de fausses vierges Que j'ai une banque à chaque doigt Et un doigt dans chaque pays Et que chaque pays soit à moi Je sais quand même que chaque nuit Tout seul au fond de ma fumerie Pour un public de vieux chinois J'rechanterai ma chanson à moi Celle du temps où je m'appelais Jacky Être une heure, une heure seulement Être une heure, une heure quelquefois Être une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con à la fois Même si un jour au paradis Je deviens comme j'en serais surpris Chanteur pour femmes à ailes blanches Même si je leur chante alléluia En regrettant le temps d'en bas Où c'est pas tous les jours dimanche Même si on m'appelle Dieu le Père Celui qui est dans l'annuaire Entre Dieulefit et Dieu vous garde Même si je me laisse pousser la barbe Même si toujours trop bonne pomme Je me crève le cœur et le pur esprit À vouloir consoler les hommes Je sais quand même que chaque nuit J'entendrai dans mon paradis Les anges, les saints et Lucifer Me chanter ma chanson d'naguère Celle du temps où je m'appelais Jacky Être une heure, une heure seulement Être une heure, une heure quelquefois Être une heure, rien qu'une heure durant Beau, beau, beau et con à la fois
6.
On rêvait de changer le monde
 Est-ce le monde qui nous a changés? L'espoir qu'on semait à la ronde
 Aujourd'hui nous semble étranger
 On défilait pas toujours sages En entonnant Le Déserteur Se peut-il qu'en prenant de l'âge
 On déserte son propre cœur
 On déserte son propre cœur

 En échange de quelques roses
 Offertes aux canons des fusils
 On croyait que l'ordre des choses
 Allait se mettre en fleurs aussi
 On rêvait de changer la vie
 Et de tout reprendre à zéro
 Ça nous a donné la Bosnie
 Et les amants de Sarajevo
 Et les amants de Sarajevo

 Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves?
 Les rêves de nos vingt ans
 Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves? Même trop fous, même trop grands
 Les rêves, les rêves
 Les rêves de nos vingt ans
 Les rêves, les rêves
 Les rêves de nos vingt ans

 On rêvait d'un peu d'équilibre
 Entre les pauvres et les nantis
 Mais désormais pour être libre
 Il faut la cote de crédit
 Désormais partout sur la terre
 Bourgeois et prolétaires unis
 N'ont plus qu'un hymne planétaire
 L'internationale du Pepsi
 L'internationale du Pepsi

 Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves?
 Les rêves de nos vingt ans
 Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves? Même trop fous, même trop grands
 Les rêves, les rêves
 Les rêves de nos vingt ans
 Les rêves, les rêves
 Les rêves de nos vingt ans

 On rêvait aussi d'une terre
 D'un pays qu'on croyait à nous
 Mais y avait trop de propriétaires
 Sorry, Thank you – excusez-nous
 Sur IBM ou Macintosh
 Ces choses-là n'ont que peu de poids
 Alors c'est au plus fort la poche
 Sauve qui peut et chacun pour soi
 Sauve qui peut et chacun pour soi

 Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves? Les rêves de nos vingt ans
 Qu'est-ce qu'on a fait de nos rêves? Même trop fous, même trop grands
 Les rêves, les rêves
 Les rêves de nos vingt ans
 Les rêves, les rêves
 Les rêves de nos vingt ans


7.
Mommy 03:58
Mommy, mommy, I love you dearly Please tell me how in French my friends used to call me Paule, Lise, Pierre, Jacques ou Louise Groulx, Papineau, Gauthier Fortin, Robichaud, Charbonneau Mommy, mommy, what happened to my name Oh mommy, mommy, how come it's not the same Oh mommy, tell me why it's too late, too late Much too late Mommy, mommy, I love you dearly Please tell me where we used to live in this country Trois-Rivières, Saint-Paul, Grand-Mère Saint-Marc, Berthier, Gaspé Dolbeau, Tadoussac, Gatineau Mommy, mommy, how come it's not the same Oh mommy, mommy, there's so much in a name Oh mommy, tell me why it's too late, too late Much too late Mommy, mommy, I love you dearly Please do the song you sang when I was a baby Fais dodo, Colas mon p'tit frère Fais dodo, mon p'tit frère Fais dodo, tu auras du lolo Mommy, mommy, I remember the song Oh mommy, mommy, something seems to be wrong Oh mommy, tell me why it's too late, too late Much too late Mommy, mommy, I love you dearly Please tell me once again that beautiful story Un jour, ils partirent de France Bâtir ici quelques villages, une ville, un pays Mommy, mommy, how come we lost the game Oh mommy, mommy, are you the ones to blame Oh mommy, tell me why it's too late, too late Much too late Mommy, mommy
8.
L'aigle noir 04:42
Mmmm, Mmmm Un beau jour ou était-ce une nuit Près d'un lac je m'étais endormie Quand soudain, semblant crever le ciel Et venant de nulle part Surgit un aigle noir Lentement, les ailes déployées Lentement, je le vis tournoyer Près de moi, dans un bruissement d'ailes Comme tombé du ciel L'oiseau vint se poser Il avait les yeux couleur rubis Et des plumes couleur de la nuit À son front, brillant de mille feux L'oiseau roi couronné Portait un diamant bleu De son bec, il a touché ma joue Dans ma main, il a glissé son cou C'est alors que je l'ai reconnu Surgissant du passé Il m'était revenu Dis l'oiseau, oh dis, emmène-moi Retournons au pays d'autrefois Comme avant, dans mes rêves d'enfant Pour cueillir en tremblant Des étoiles, des étoiles Comme avant, dans mes rêves d'enfant Comme avant, sur un nuage blanc Comme avant, allumer le soleil Être faiseur de pluie Et faire des merveilles L'aigle noir dans un bruissement d'ailes Prit son vol pour regagner le ciel Mmmm, Mmmm Un beau jour Une nuit Près d'un lac Endormie Quand soudain Il venait de nulle part Il surgit l'aigle noir Un beau jour Une nuit Endormie Chchch
9.
Le mari de Maryvonne Était mon amant Quelquefois je m'en étonne Encore maintenant Au début, tout feu tout braise Il était gentil Quand il se mettait à l'aise Il refaisait le lit Il me disait tu es belle Après comme avant Il descendait la poubelle En repartant La la la petit bonhomme Comme on est bien élevé C'était grâce à Maryvonne Il me l'avait caché La la la petit bonhomme Comme on avait bien menti Ma femme est une matrone Il m'avait dit Le mari de Maryvonne Était mon amant Mais il m'appela bobonne Au bout de pas longtemps Puis je rencontrai sa femme Qui me dit: merci Depuis qu'il vous a dans l'âme Il ne vient plus ici Il m'avait dit Maryvonne Est un vrai boudin Toujours elle me cramponne Et ça me dit rien La la la petit bonhomme Comme on est mal élevé Maryvonne est très mignonne Il me l'avait caché La la la petit bonhomme Comme on avait bien menti Ma maîtresse est une conne Il lui avait dit Le mari de Maryvonne N'est plus mon amant Comme il n'a trouvé personne Il est chez sa maman Maryvonne et moi on pense Qu'on pourra bientôt Se prendre un peu de vacances Un peu de repos Mais voilà que Maryvonne M'apprend ce midi Sa belle-mère lui téléphone Elle vient aussi La la la petit bonhomme Ça commence à se gâter Il la prenait pour sa bonne Elle en a eu assez La la la petit bonhomme Comme on avait bien menti Ma mère est une gorgone Il avait dit Le mari de Maryvonne A pu se recaser C'est Sophie qui lui redonne Un peu de volupté Au début tout feu tout braise Il sera gentil Quand il se mettra à l'aise Il refera le lit Il lui dira tu es belle Après comme avant Il descendra la poubelle En repartant La la la petit bonhomme Mais ça ne va pas durer Quand il lui dira bobonne Elle va se tirer Moi, sa mère et Maryvonne On l'a bien dit à Sophie On t'attend ma toute bonne Dans le midi Si longtemps ça recommence On va se retrouver Toute une colonie de vacances On va bien s'amuser
10.
À voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit Je finirai, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi À voir tant d'yeux qui se ferment, couchés dans leur lit Je finirai par comprendre qu'il faut que je m'endorme aussi J'en ai connu des grands, des beaux, des bien bâtis, des gentils Qui venaient pour me bercer et combattre mes insomnies Mais au matin, je les retrouvais, endormis dans mon lit Pendant que je veillais seule, en combattant mes insomnies À force de compter les moutons qui sautent dans mon lit J'ai un immense troupeau qui se promène dans mes nuits Qu'ils aillent brouter ailleurs, par exemple, dans vos prairies Labourage et pâturage ne sont pas mes travaux de nuit Sans compter les absents qui me reviennent dans mes nuits J'ai quelquefois des vivants qui me donnent des insomnies Et je gravis mon calvaire, sur les escaliers de la nuit J'ai déjà connu l'enfer, connaîtrai-je le paradis? Le paradis, ce serait, pour moi, de m'endormir la nuit Mais je rêve que je rêve qu'on a tué mes insomnies Et que, pâles, en robe blanche, on les a couchées dans un lit À tant rêver que j'en rêve, les revoilà, mes insomnies Je rôde comme les chats, je glisse comme les souris Et Dieu, lui-même, ne sait pas ce que je peux faire de mes nuits Mourir ou s'endormir, ce n'est pas du tout la même chose Pourtant, c'est pareillement se coucher les paupières closes Une longue nuit, où je les avais tous deux confondus Peu s'en fallut, au matin, que je ne me réveille plus Mais au ciel de mon lit, y avait les pompiers de Paris Au pied de mon lit, les adjudants de la gendarmerie Ô Messieurs dites-moi, ce que vous faites là, je vous prie Madame, nous sommes là pour veiller sur vos insomnies En un cortège chagrin, viennent mes parents, mes amis Gravement, au nom du Père, du Fils et puis du Saint-Esprit Si après l'heure, c'est plus l'heure, avant, ce ne l'est pas non plus Ce n'est pas l'heure en tout cas, mais grand merci d'être venus Je les vois déjà rire de leurs fines plaisanteries Ceux qui prétendent connaître un remède à mes insomnies Un médecin pour mes nuits, j'y avais pensé, moi aussi C'est contre lui que je couche mes plus belles insomnies À voir tant de gens qui dorment et s'endorment à la nuit J'aurais fini, c'est fatal, par pouvoir m'endormir aussi Mais si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies J'aime mieux vivre en enfer que dormir en paradis Si s'endormir c'est mourir, ah laissez-moi mes insomnies J'aime mieux vivre en enfer que de mourir en paradis
11.
Il est quatre heures Le jour est gris Je n'ai pas pris le temps de vivre, et c'est la nuit Un train qui pleure Va loin d'ici Les gens s'en vont voir si le rêve est dans leur lit Et c'est la guerre Loin de chez nous Comme un grand jeu de qui perd gagne à tous les coups On croit la faire Avec des sous Mais dans le corps des gens, très loin, ça fait des trous La vie est à pied La mort se dépêche Le sel, les oeufs, le lait, les pêches Qu'est-ce que j'ai encore oublié? Qu'est-ce que j'ai encore oublié? La peau se brise Sous le métal On le voit bien, d'un soir à l'autre, et c'est banal Et ceux qui disent Que c'est normal Quand c'est trop laid, c'est qu'on n'est pas au bon canal Le jeune à Jacques S'en va demain La Jeanne a dit: Tu pars, mon coeur est dans tes mains Reviens à Pâques À la Toussaint Je suis ta femme et toi mon homme, on n'y peut rien La vie est à pied La mort à la hâte Le pain, le vin, la poudre à pâte Qu'est-ce que j'ai encore oublié? Qu'est-ce que j'ai encore oublié? Ça fait des heures Qu'il est parti I' prend un verre, i' prend son temps, chez des amis Et toi tu pleures Mon beau Jean-Louis C'est mon devoir, j'ai rien compris, j'ai pas fini Déjà neuf heures Le jour a fui Et je n'ai pas même eu le temps de faire un lit Le coeur se leurre D'un peu de bruit Qu'il soit midi, minuit, le monde est dans la nuit La vie est à pied La mort est à l'heure Du sel, de l'ail, un doigt de beurre Qu'est-ce que j'ai encore oublié? Qu'est-ce que j'ai encore
12.
Je t'écris ces quelques lignes Sur du papier quadrillé Ça te rappellera l'école Et les années folles Moi c'est le seul papier que j'ai Ça fait déjà deux semaines On m'a laissé le droit de sortir Comme j'suis pas tellement fort sur le téléphone (ben) j'ai préféré t'écrire J'te raconte pas tout ce qu'on m'a fait Ni tout ce qu'on m'a fait dire Ni tout ce qu'on m'a dit Pour me faire croire qu'on voulait me guérir J't'écris pas pour me plaindre J'avais juste le goût de parler C'est encore troublant pour moi d'être revenu dans le quartier Cinq ans sans recevoir de nouvelles Faut dire que j'en ai pas donné Y'a des mélodrames qu'on est aussi bien de ne jamais publier Le soleil me fait tout drôle Les rues sont belles Ça sent le printemps On pourrait peut-être se voir un peu Peut-être que t'as pas le temps Tu peux dire à tout le monde Que Don Quichotte est revenu Avec son cheval de porcelaine Et une armure qui ne tient plus Les romances impossibles Qui traînent le soir au coin des rues Comme les moulins et les géants Ne lui font pas plus peur qu'avant Quand on passe le temps que j'ai passé À vivre en attendant Entre les quatre murs et le lit trop dur Offerts par le gouvernement On écrit aux larmes sur les draps blancs D'incroyables comédies Pour tous les acteurs drôles qui apprennent leurs rôles Dans les coulisses de l'ennui Pour tous les fous qui ont peur de l'amour Comme des sirènes dans la nuit Pour toutes les fées des étoiles Toutes les robes de bal de toutes les reines De tous les carnavals Pour tous les imbéciles qui chassent la baleine Sur d'immenses bateaux Mais qui ne voient jamais le poisson d'avril Qui leur pend dans le dos Tu peux dire à tout le monde Que Don Quichotte est revenu Avec son cheval de porcelaine Et une armure qui ne tient plus Les romances impossibles Qui traînent le soir au coin des rues Comme les moulins et les géants Ne lui font pas plus peur qu'avant Comme tu vois On peut pas vraiment dire que quelque chose a changé Mais je reviens debout C'est déjà beaucoup Et c'est déjà le mois de mai J'aimerais juste trouver la place Que tout le monde finit par se trouver Et si t'as le goût de me voir J'te raconterai de belles histoires de chevaliers
13.
Por la blanda arena que lame el mar Su pequeña huella no vuelve más Un sendero solo de pena y silencio llegó Hasta el agua profunda Un sendero solo de penas mudas llegó Hasta la espuma Sabe Dios qué angustia te acompañó Qué dolores viejos calló tu voz Para recostarte arrullada en el canto de las caracolas marinas La canción que canta en el fondo oscuro del mar La caracola Te vas Alfonsina con tu soledad ¿Qué poemas nuevos fuiste a buscar? Una voz antigua de viento y de sal Te requiebra el alma y la está llevando Y te vas hacia allá como en sueños Dormida, Alfonsina, vestida de mar Cinco sirenitas te llevarán Por caminos de algas y de coral Y fosforescentes caballos marinos harán Una ronda a tu lado Y los habitantes del agua van a jugar Pronto a tu lado Bájame la lámpara un poco más Déjame que duerma nodriza, en paz Y si llama él no le digas que estoy Dile que Alfonsina no vuelve Y si llama él no le digas nunca que estoy Di que me he ido Te vas Alfonsina con tu soledad ¿Qué poemas nuevos fuiste a buscar? Una voz antigua de viento y de sal Te requiebra el alma y la está llevando Y te vas hacia allá como en sueños Dormida, Alfonsina, vestida de mar
14.
J’habite le village de L’Ascension C’est tout p’tit il fait frette et pis on trouve ça dur Et si tu passes aux alentours quand sombre le jour Regarde les toits se couvrir de dorures C’est à ces heures des couchers que je sortais rôder Chantant laï la la laï laï la la laï Les enfants des grands dieux faut qu’ils y aillent Je m’appelle Loretta mais je préfère Lottie J’atteindrai sous peu ma treizième année Et si t’as croisé par les chemins une paire d’yeux plus verts qu’les miens Tu ne les as sûrement pas croisés par ici J’ai la chevelure blonde, j’ la démêle à journée longue Laï la la laï laï la la laï Maman dit qu’un jour faut tous qu’on s’ taille Connais-tu la malédiction de L’Ascension Ce dernier Noël le p’tit gars de Bill Belley i’ est pas rentré L’ont trouvé difficile au fond d’ la crique du Premier-Mille D’ la gravelle plein ses poches la calotte crânienne défoncée Mais c’est qu’il fallait entendre les chercheurs chialer Laï la la laï laï la la laï Même le flot d’ Bill Belley fallût qu’y aille Et puis le professeur O’Reilly de la polyvalente A décloué son fox-terrier médaillé de sa porte d’entrée Le lendemain à l’école a ramené la carcasse molle Et à ses pompes funèbres nous avons dû assister Pendant l’éloge pour Biko les larmes rigolaient La la laï laï la la laï Même les bêtes innocentes faut qu’y aillent L’Ascension en a subi le traumatisme Bientôt nos citoyens les plus discrets se firent commères Prochaine affaire qu’on sût la tête à l’ouvrier Manu Fut repêchée au fond de la fontaine chez monsieur le maire Un coup du sort du genre ça tire un p’tit village de son mutisme Laï la la laï laï la la laï Tous les enfants du Bon Dieu faut qu’y aillent Cruel et tragique la vieille Colgate paralytique Fut poignardée mais il lui manqua quelques trous L’inspecteur prit ses derniers mots avant qu’on la passe au frigo : « Mon assassin s’appelle Loretta, elle habite en face de chez nous » Sans même de mandat, vingt policiers déboulent Laï la la laï laï la la laï Maman me bégayait : « Un jour faut tous qu’on s’ taille » Oui c’est moi Lottie la malédiction de L’Ascension J’ai glacé d’horreur le cœur de vos chaumières On ne vante plus le vert de mes yeux pas plus qu’le jaune de mes cheveux Nos villageois pensent que ce serait plutôt le contraire Quand ma gueule s’entrouvre en d’ssous d’ la broue qui la recouvre Laï la la laï laï la la laï Tôt ou tard chacun de nous faut qu’on y aille J’étais pas plus grande qu’un charançon qu’on m’appelait Malédiction Au-dessus du lit dans lequel on me confinait On me dit dingue à damner des saints mais que ces temps-ci je vais bien Ouais ben fuck you ces temps-ci je suis un monstre et je l’admets Veux-tu vraiment que je prouve jusqu’à quel point je dis vrai ? La la laï Laï la la laï Nous ignorons tout du moment quand faudra qu’on y aille J’avoue j’ai trépané l’ p’tit Bailey, poignardé la vieille Colgate Et décapité l’ouvrier avec une scie circulaire dans ‘a shed Mais le chien Biko ça c’était pas moi ça devait être l’équipe de hockey Ou un psychopathe mescaline de la polyvalente brain dead Mais si cela vous chante veuillez l’ajouter au détail La la laï laï la la laï Qui que soit le tueur un jour il faudra ben qu’y aille Y en a eu plusieurs et des meilleurs tous nos frères et toutes nos sœurs Présumés morts de manières accidentelles Les noyés passés dans un trou dans la glace du lac Tahoo Imaginez-vous trouver l’affiche « DANGER » au dégel ? N’attendez plus le printemps venez pelleter le sous-sol de ma cour La la laï laï la la laï Au printemps faudra qu’on les taille Et l’incendie de quatre-vingt-huit qui en deux jours et trois nuittes Ne laissa de nombreux quartiers que les ruines Les agents d’immeuble et d’assurances en faillite À cause d’une fillette et de cinq gallons de gazoline Quand le vent se leva du nord comme les flammes se mirent à rugir La la laï laï la la laï Qu’on soit riches ou ruinés faudra qu’on y aille J’ai revendiqué mes méfaits dès le premier matin du procès J’étais crampée tout le trajet quand ils m’ont traînée À l’institut psychiatrique en fourgon grillagé pratique J’ trouve ça tough mais moins pire qu’un pénitencier La place est pas si pire on songe même à m’y établir La la laï laï la la laï Tous les enfants des grands dieux faudraient qu’y aillent J’y suis entourée de médecins des tests à portée de leurs mains Je les sais mandatés par les super-puissances Ils m’ demandent si le remord me noue je leur réponds toujours beaucoup J’aurais pu accomplir bien plus si on m’en avait laissé la chance Mais bourrée de Rorshach et de Prozac tout va mieux Dans le meilleur des mondes La la laï laï la la laï Les enfants des grands dieux faut qu’ils y aillent La la laï laï la la laï Je remercie maman d’être née sous la bonne étoile La la laï laï la la laï Tout va pour le mieux malgré les chaînes qui m’entaillent La la laï laï la la laï Viendra le jour où faudra que je m’en aille
15.
Perlimpinpin 05:22
Pour qui, combien, quand et pourquoi, contre qui, comment, contre quoi C'en est assez de vos violences D'où venez-vous, où allez-vous, qui êtes-vous, qui priez-vous Je vous prie de faire silence Pour qui, comment, quand et pourquoi, s'il faut absolument qu'on soit Contre quelqu'un ou quelque chose Je suis pour le soleil couchant, en haut des collines désertes Je suis pour les forêts profondes Car un enfant qui pleure qu'il soit de n'importe où est un enfant qui pleure Car un enfant qui meurt au bout de vos fusils est un enfant qui meurt Que c'est abominable d'avoir à choisir entre deux innocences Que c'est abominable d'avoir pour ennemis, les rires de l'enfance Pour qui, comment, quand et combien, contre qui, comment, quand et combien À en perdre le goût de vivre Le goût de l'eau, le goût du pain et celui du Perlimpinpin dans le square des Batignolles Et pour rien, pour presque rien pour être avec vous et c'est bien Et pour une rose entr'ouverte Et pour une respiration, et pour un souffle d'abandon, et pour ce jardin qui frissonne Ne rien avoir, mais passionnément, ne rien se dire éperdument, Mais tout donner avec ivresse Et riche de dépossession, n'avoir que sa vérité, posséder toutes les richesses Ne pas parler de poésie, ne pas parler de poésie, en écrasant les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence au fond d'une cour au murs gris, où l'aube n'a jamais sa chance Contre qui, comment, contre quoi, pour qui, comment, quand et pourquoi Pour retrouver le goût de vivre Le goût de l'eau, le goût du pain et celui du Perlimpinpin dans le square des Batignolles Contre personne et contre rien, mais pour toutes les fleurs ouvertes Et pour une respiration et pour un souffle d'abandon et pour ce jardin qui frissonne Et pour vivre passionnément, et ne se battre seulement qu'avec les feux de la tendresse Et, riche de dépossession, n'avoir que sa vérité, posséder toutes les richesses Ne plus parler de poésie, ne plus parler de poésie mais laisser vivre les fleurs sauvages Et faire jouer la transparence, au fond d'une cour aux murs gris Où l'aube aurait enfin sa chance Vivre, vivre passionnément, et ne se battre seulement qu'avec les feux de la tendresse Et, riche de dépossession, n'avoir que sa vérité, posséder toutes les richesses Et rien que la tendresse pour toute richesse Et donner, donner avec ivresse Vivre vivre avec ivresse Vivre vivre avec tendresse Et rien que la tendresse pour toute richesse Et donner, donner avec ivresse

about

De Vigneault à Nick Cave
Ton rêve modeste et fou
Paule-Andrée
La chanson...
Rien que ça
Et rien de moins
Toute gorgée d'histoires
Et jeune
Et allumée
Et belle
Comme toi
Pieds nus
La chanson
Celle que tu portes
Elle est comme l'envers du monde à venir
Et l'endroit où je veux retourner depuis toujours avec toi
Surtout avec toi
Fais-nous voyager encore longtemps

Michel Faubert - 2008

credits

released October 7, 2008

Voix dans "Mommy" : Lou-Adriane Cassidy

Voix dans "J’entends, j’entends" et "La malédiction de l'Ascension" : Bruno Fecteau

Rhodes et Piano : Bruno Fecteau

Enregistrement réalisé devant public au Café-spectacles du Palais Montcalm lors de la présentation du spectacle "Voici des fruits, des fleurs" les 13, 14, 15 et 16 mai 2008

Mixé et masterisé au studio 43 du Groupe Sismique, Québec

Prise de son : Claudey Scarpino, Yves Drolet et Bruno Fecteau

Montage, mixage et mastering : Yves Drolet et Bruno Fecteau

Réalisation : Bruno Fecteau

Photos : Camirand

Conception graphique : Isabelle Masse

Production : Les productions Alias Perdu inc.

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Paule-Andrée Cassidy Quebec, Québec

Récipiendaire de plusieurs prix prestigieux, la chanteuse de Québec Paule-Andrée Cassidy interprète des textes de haute volée depuis plus de 25 ans. Elle multiplies les tournées à l’étranger et compte sept albums salués par la critique. Elle prépare actuellement sur son 8e album. ... more

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